Depuis son retour de la Mer de Cristal, Kael était devenu plus qu'un prodige : une légende vivante. L'Académie de l'Équilibre, déjà réputée dans tout Elaria, attire désormais les regards des autres continents — ceux des Cinq Trônes : Myrlanth , Orrhad , Tzhan'kai , Fael'ren et le mystérieux royaume de Zerh-Kaï , interdit aux mortels.
Des élèves de toutes les races commencèrent à affluer : dryades, sylphides, draconides, demi-elfes solaires, nécroliens et même un oni pacifique, exilé de son clan.
Kael, lui, gardait la tête froide. Il choisit de ne plus toucher à la Plume Primordiale… du moins, pas sans nécessité. Il voulait ressentir la magie — pas seulement la dicter.
L'Entraînement des Trois Cœurs
Kael a développé une nouvelle forme de magie hybride, mélangeant l'éther, la magie démoniaque d'Azek-Ra et la magie élémentaire. Il l'appelle la Triharmonie du Cœur .
Il décide de ne pas l'étudier seul.
Il propose à Asha, Mira et Elyra de suivre cet entraînement intense — chacune représentant un "cœur" :
Asha : Feu vivant , explosif et instinctif.
Mira : Vent céleste , rapide et imprévisible.
Elyra : Temps fracturé , analytique et intransigeant.
Durant l'entraînement, les tensions montèrent… pas seulement à cause de la magie.
Un soir, sur la terrasse suspendue de l'aile Est, Mira avoua :
« Tu te bats toujours pour comprendre ce monde… mais tu refuses de comprendre ce qu'on ressent pour toi. »
Kael, surprise, détourna le regard.
« Je… n'ai pas encore le droit d'aimer. Pas tant que je peux encore tout détruire sans le vouloir. »
Elyra, elle, ne dit rien. Mais cette nuit-là, Kael rêva d'elle, seule dans un couloir, attendant un futur qui ne reviendrait jamais.
Mission : Les Ruines de Zyndhor
Un ancien artefact, l' Œil du Verbe , avait été repéré dans les Ruines de Zyndhor, une ancienne ville draconnique au cœur d'un volcan éteint.
Le Haut Conseil envoie une équipe d'élite : Kael, Asha, un guerrier draconide nommé Vaeron, et une prêtresse du silence, Sianne .
Le voyage fut rude. Ils traversèrent les Montagnes Sifflantes, affrontèrent un serpent céleste à trois têtes, et Kael dut utiliser la magie démoniaque pour le sceller dans un abîme temporaire.
Quand ils arrivèrent à Zyndhor, ils découvrirent que le volcan… n'était pas éteint .
Quelqu'un l'avait réveillé.
L'Œil du Verbe et le Gardien des Cendres
Dans les entrailles brûlantes du sanctuaire, ils trouvèrent l'Œil : un cristal vivant, capable de lire et de prononcer les mots originels de toute magie. Mais il était gardé par une entité faite de flammes et de cendres : le Gardien de la Chute Première , un dragon ancien aux ailes fracturées, condamné à brûler éternellement.
Le combat fut titanesque.
Kael interdit aux autres d'intervenir. Il affronta la bête sans réécriture , se battant avec sa magie brute et l'héritage du Roi Démon. Il en ressortit brûlé, blessé, mais victorieux.
Le dragon, avant de mourir, murmura :
« Tu es… comme nous. Fils de feu et de mot. Ce monde tremblera à ton passage. »
Reconnaissance mondiale
À leur retour, les nouvelles avaient déjà fait le tour du continent. Des ambassades royales envoyèrent des présentes. Des académies secondaires voulaient fusionner avec celle de Kael. Une délégation de Zerh-Kaï envoie un message codé :
« Nous te connaissons, Kael. Tu t'es levé. Mais nous t'attendons. »
Des semaines s'étaient écoulées depuis la mission des Ruines de Zyndhor. Le monde parlait de Kael comme d'un prodige parmi les prodiges. Mais dans les profondeurs du temps, quelque chose avait bougé. Une phrase écrite autrefois, une ligne innocente dans une version antérieure du monde, avait commencé à se fissurer.
« Lyra ne devait jamais mourir. »
Cette phrase. Effacée, remplacé, oubliée. Mais pas par tous.
Un courant de distorsion énergétique apparaîtrait à l'Est d'Elaria, entre les falaises de Myrrh et les marécages d'Orrhad. Une faille. Kael le sentit une nuit en rêve, quand l'encre de ses anciens souvenirs se mit à couler sur ses draps comme du sang.
I. Diplomatie des Ténèbres : Royaume de Nevalan
Un message royal arrive à l'aube : la Reine-Sorcière Ysandre de Nevalan , souveraine du royaume démoniaque du Nord, exigeait la présence de Kael pour un sommet diplomatique.
Le Conseil hésite. Nevalan était une terre interdite, connue pour ses pactes de sang, ses arches nécromantiques, et surtout… pour ne jamais inviter les vivants sans raison.
Kael accepte. Avec lui, deux accompagnatrices :
Elyra , par ordre du Conseil.
Asha , volontaire… avec un regard qu'il ne lui avait jamais vu auparavant.
Ils voyageèrent à dos de wyvernes noires, survolant la Mer d'Obsidienne et les flèches brûlées de Nardh-Ruun. Nevalan était splendide dans sa noirceur. Une beauté de ruine et de cendres, où chaque pierre semblait chuchoter un passé oublié.
La Reine Ysandre, majestueuse et cruelle, accueillit Kael dans sa tour d'échos.
« Tu es celui qui tord les règles. L'Encre marche derrière toi. Si tu veux la paix avec mon peuple, tu devras danser avec nos morts. »
Elle lui propose un pacte : Nevalan fournirait des secrets anciens à l'Académie, en échange d'un artefact unique que seul Kael pouvait restaurer — le Lys Noir , un cœur d'ombre cristallisée.
Mais la nuit même, Kael se fit attaquer par une entité étrange… qui portait le visage de Lyra.
II. Les Cœurs en Fracture
Asha et Elyra veillaient sur lui, mais la tension entre elles devenait palpable. Pendant le banquet nocturne, Ysandre les plaça volontairement côte à côte dans un jeu cruel.
Ysandre, souriante : « Que se passe-t-il, Kael ? Deux regards qui se battent pour ton reflet ? »
Kael esquiva la provocation. Mais plus tard, alors qu'il méditait dans la roseraie de brume, Elyra le rétrouva.
« Pourquoi fuis-tu toujours ce que tu ressens ? Tu n'es plus qu'un mage. Tu es un homme aussi. »
Kael, pour une fois, ne répond pas.
Il s'approche.
Leurs mains se touchèrent. Pas un baiser. Pas encore. Mais un frisson partagé, une promesse non dite.
Mais la nuit suivante, c'est Asha qui vint frapper à sa porte.
« Tu n'as pas besoin de la raison pour aimer, Kael. Moi non plus. »
Et cette fois, il ne refuse pas l'étreinte.
Ce ne fut pas une nuit d'amants, mais de confessions. Asha lui parle de sa peur d'être laissée derrière, de son feu qui brûle trop fort pour être touché.
Kael s'endormit entre deux souffles. Et rêva à nouveau… de Lyra.
III. L'Erreur qui revient
Le jour suivant, l'air se coupe. Les portes du château tremblent. Le ciel est devenu rouge.
Une entité venait d'émerger de la faille de l'Est. Née d'un fragment de réécriture ancienne.
Une version alternative de Kael.
Mais corrompue . Arrogant. Instable. Il se nommait Kaël-Aetherion , et affirmea être l'original .
« Tu m'as supprimé, Kael. Tu as réécrit mon monde, mon amour, mon avenir. Tu crois être l'héritier ? Tu n'es que l'édité. »
Le combat éclata dans la salle du trône.
Kael et son double se renvoyèrent des sortilèges d'éther brut, des fragments de narration vivante, des lignes de code divin. Même Ysandre dut fuir sa propre salle.
Finalement, Kael dut faire un choix : utiliser la Plume Primordiale à nouveau… ou mourir .
Le refus.
À la place, il activa le Cœur du Roi Démon , libérant l'ombre ancienne d'Azek-Ra dans ses veines. Son corps se découvre de marques ardentes, ses yeux devinrent doubles : l'un noir, l'autre rouge feu.
Il vainquit Kaël-Aetherion .
Mais en le détruisant, il comprit : d'autres versions existent(étaient) ailleurs.
Et elles viendront.
Épilogue : Le Lys Renaît
Kael scella le Lys Noir, offrant à Ysandre le cœur restauré.
« Le monde te craindra un jour, Kael. Mais moi… je t'admire. »
Elle l'embrassa sur la main.
Le lendemain, Kael, Asha et Elyra quittèrent Nevalan.
Mais dans l'air, dans les vents, dans les trames invisibles… une page vibrait, encore non écrite.
Et l'Auteur… se tenait à la toute dernière ligne, penché, curieux.
Tout commença par un rêve.
Un bois en cendres. Une harpe abandonnée au pied d’un arbre sans feuilles. Et une voix, douce mais brisée, murmurant dans une langue que Kael n’avait jamais entendue. Ce n’était pas de l’elfique commun. C’était le Thal’delyss, la langue des premiers elfes, disparue depuis des millénaires.
À son réveil, un message l’attendait : une convocation d’Elariel, la Gardienne des Archives Ancestrales de l’Académie. Elle tenait dans ses mains un fragment de parchemin noirci, sur lequel brillait un seul mot : Eldarion.
« Un royaume elfique perdu, Kael. Crépusculaire. Ils ont cessé d’écrire leur histoire… parce que leur monde se meurt. »
Eldarion était caché dans une faille entre les plans, accessible uniquement lors du passage de la Lune Sombre, un événement qui n’arrivait qu’une fois tous les quatorze ans.
Et il survenait… dans trois jours.
Kael accepta la mission. Il voulait comprendre cette magie elfique mourante, mais aussi… fuir un peu ses propres réécritures. Ses pouvoirs lui échappaient. Il voulait se retrouver. Et dans le silence d’un royaume oublié, peut-être trouverait-il une vérité.
Il partit accompagné de :
Mira, l’héritière du vent, dont le chant pouvait ouvrir les failles dimensionnelles.
Elyra, dont les souvenirs de lignes temporelles effacées vibraient étrangement face au nom Eldarion.
II. L’Entrée dans les Ruines Silencieuses
Ils traversèrent les Montagnes Obsidiennes, plongèrent dans les forêts de brume, et attendirent la Lune Sombre sur l’autel de Silharna.
À minuit, un passage s’ouvrit. Pas un portail. Un silence. Une faille sans lumière. Ils entrèrent.
Eldarion n’était pas un royaume… mais un tombeau vivant.
Des arbres pétrifiés. Des cités entières en lévitation, mais figées dans le temps. Des elfes pâles aux yeux sans pupilles, qui les observaient sans bouger. Les étoiles du ciel semblaient éteintes.
Kael sentit un froid dans son âme. L’Éther ici… était mort.
Mais au centre du royaume, un arbre colossale, l’Arbre Gris, battait encore faiblement. Son tronc portait des inscriptions scripturales identiques à celles que Kael avait vues dans les pages du Script Vivant. Quelqu’un, ici, écrivait encore.
Une voix, dans le vent : « Toi qui plies les lois, pourquoi viens-tu dans un monde sans avenir ? »
Un elfe s’avança.
Nérathil, dernier Archonte d’Eldarion. Il portait une cape de plumes ternies, et un sceptre sculpté dans une corne de dragon noir. Il expliqua :
« Le peuple d’Eldarion a commis un crime. Nous avons tenté de réécrire notre extinction. Nous avons volé du récit… et l’Auteur nous a effacés. »
Kael comprit. Ils étaient les premiers à tenter ce qu’il faisait maintenant. Mais eux avaient échoué.
III. Le Cœur Noir d’Eldarion
Leur arbre-monde, Lythros, avait été blessé par une tentative d’écriture scripturale. Ils avaient forcé la trame à leur convenance. En réponse, une malédiction s’était éveillée : le Fléau Sans Récit.
Cette force avait vidé Eldarion de son futur. Plus de naissances. Plus de progrès. Plus d’espoir. Une stase vivante. Et dans les profondeurs du royaume… un être était né de cette fracture.
Un Gardien Oublié, monstrueux, né du refus du récit. Il s’appelait Vael-Ryn, et rôdait dans la Forêt Dérivante.
Kael, Mira et Elyra s’y aventurèrent.
Les bois étaient mouvants. Les souvenirs eux-mêmes se tordaient. Elyra perdit la mémoire de sa propre naissance. Mira cessa de parler. Kael… vit son propre nom s’effacer de sa main.
« Si tu continues, murmura une voix, tu ne sauras plus jamais qui tu es. »
Mais Kael n’était pas seul. Il n’utilisa pas la narration. Il usa de la magie pure. Il appela les vestiges d’Azek-Ra. Le feu noir du Roi Démon consuma le sentier. Ils parvinrent au cœur du bois.
Et là, face à eux : Vael-Ryn, une chimère d’encre vivante, une bête sans passé ni futur, pure incarnation du "non-écrit".
Le combat fut brutal. Kael ne pouvait pas l’écrire. Il ne le comprenait pas. Il dut se battre comme un homme, pas comme un démiurge.
À la fin, il planta son épée forgée de cristal d’Éther pur dans le cœur de la créature.
Vael-Ryn éclata en une pluie de lettres mortes.
IV. Le Souffle Retrouvé
L’Arbre Gris refleurit. Un pétale. Puis un autre. Les elfes levèrent les yeux.
Nérathil : « Tu n’as pas modifié notre sort, Kael. Tu as montré que même sans récit… il reste la volonté. »
En remerciement, ils lui offrirent un anneau d’Ysilmar, capable de révéler les lignes secrètes de tout texte — même les non-écrits. Et… un dernier cadeau.
Un chant ancien. Une bénédiction.
« Que l’Encre ne te consume pas, mais que ton cœur reste à l’encre claire. »
Kael quitta Eldarion… transformé.
Épilogue : Une Rumeur dans les Royaumes
Le monde entendit parler de l’exploit : Kael, l’héritier du Néant, avait redonné vie à un royaume condamné. Les bardes chantaient son nom. Les peuples commencèrent à s’inquiéter… ou à rêver.
Mais dans une autre réalité, un autre Kael, au regard sanglant, fixait une plume brisée.
« Il recommence. »
Et l’Auteur, au-dessus de toutes les lignes, écrivait en silence :
"La guerre des versions approche."