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Chapter 7 - La réalité se ferme quand on essaye de l'ouvrir. (2)

** Ce chapitre contient des scènes sexuelles, il est interdit au moins de 18 ans. **

Laura et Noé. 

 

L'ascenseur nous engloutit dans son silence métallique, une parenthèse avant l'apothéose. 

L'ami, prénommé Marc par les convenances que je me donnais à peine le temps de retenir, laissa échapper un soupir de soulagement teinté de triomphe. 

Son regard, brûlant de convoitise, ne me lâchait pas. Il voyait en moi la récompense de sa capacité à surpasser son pote. Mais il ne voyait rien de ce que je lisais dans ses propres yeux. Il était un pion avançant, sans savoir que l'échiquier était déjà réglé. 

La porte de la chambre s'ouvrit sur un espace feutré, tamisé, l'écrin parfait pour la suite du spectacle. 

Marc, l'excitation palpable, referma la porte derrière nous. 

Le silence de la pièce amplifiait les battements de son cœur, que je pouvais presque entendre. Son ego tapotait sa chair, me prouvant qu’il n’a même pas conscience d’être manipulé. Et sa réalité, celle qui va se briser devant lui, il ne l’imagine pas à cause de ce dieu. 

Il s'approcha, ses mains cherchant mes hanches, ses lèvres avides mesurées dans un baiser urgent. Je répondis, juste assez pour alimenter la flamme, pas assez pour me consumer. 

C'était une performance millimétrée, chaque mouvement était calculé pour maximiser l’effondrement de sa réalité. 

Mes mains, dans un mouvement fluide, se glissèrent sous sa chemise, effleurant sa peau, le sentant frissonner sous mon toucher. 

Les désirs de l’homme sont si prévisibles, si facilement activables. 

C'est une forme de puissance divine, cette capacité à manipuler les pulsions les plus primaires de l'être humain. 

Chaque vêtement qui tombait était un aveu supplémentaire de sa soumission, une libération non pas pour lui, mais pour moi. Chaque fois qu’un tissu touchait le sol, il s’autorisait à briser sa réalité. 

La vue de son corps nu ne m'émouvait pas ; elle ne faisait que confirmer l'efficacité de mon art. 

On s’allongea sur le lit, les draps frais accueillant nos corps entrelacés. 

Ses baisers se faisaient plus ardents, ses mains plus audacieuses. 

La pièce, plongée dans une pénombre complice, masquait la réalité de mes pensées. 

Car à cet instant précis, alors que Marc s'abandonnait à l'instant, mon esprit était ailleurs. Il calculait le temps, anticipait l'arrivée imminente de l'autre, celui que nous avions laissé en bas, piqué au vif. 

Savoir que l'autre, blessé dans son ego, rongé par la curiosité et la jalousie, allait inévitablement nous rejoindre. 

Il ne viendrait pas pour me désirer, mais pour se rassurer, pour vérifier, pour tenter de regagner une forme de victoire. Son arrivée serait le véritable coup de grâce, non pas pour lui, mais pour leur réalité frigide. 

Car la philosophie derrière tout cela est simple et glaçante : l'être humain est une créature d'ego. Le désir n'est souvent qu'un déguisement pour la soif de possession, de reconnaissance, de supériorité. Je ne suis pas une femme à conquérir, mais un miroir dans lequel ils se reflètent, grandis par leur illusion de victoire. Et quand le miroir se brise, la réalité de leur fragilité se révèle, parfois violemment. L'acte physique n'est qu'un prélude, un moyen d'arriver à cette vérité. 

Marc gémissait doucement sous mes caresses, convaincu d'être le vainqueur. Il était sur le point de goûter au fruit, sans savoir qu'il serait partagé, et que le véritable festin était ailleurs, dans le spectacle de la déroute de l'autre. 

Leurs corps sont des marionnettes, leurs désirs des ficelles que je tire avec une précision clinique. La porte allait s'ouvrir, je le savais. 

Et la confrontation de la réalité, voilà le chef-d'œuvre. 

Marc déposa sa tête entre mes hanches, ouvrant la bouche et tirant sa langue pour lécher mes parties intimes. Il fit des mouvements de va-et-vient, utilisant son doigt pour me pénétrer en même temps. 

Puis, le claquement feutré de la porte qui s'ouvrait résonna comme un coup de tonnerre dans le silence érotique de la pièce. 

Mon corps se tendit imperceptiblement. Mon regard se leva, passant par-dessus l'épaule de Marc, pour accueillir le spectacle. 

L'autre homme, dont le nom m'était toujours inconnu mais dont la silhouette était désormais familière, se tenait là, dans l'embrasure. Son visage était un mélange chaotique de rage et de désir, une lutte interne rendue visible par ses traits tirés. 

Et il bandait. Violemment. Une érection brutale, indomptable, défiant toute notion de retenue, de bienséance. 

C'était la manifestation physique de son ego blessé, de son désir contrarié, de son besoin impérieux de revanche. Une fois la porte ouverte, il avait accepté cette réalité mensongère, celle qui allait se fissurer sous ses yeux une fois le réveil. 

La dissonance cognitive était impressionnante : la honte de se montrer ainsi, et l'impulsion primitive de s'approprier ce qu'il croyait lui avoir été dérobé. 

Il était une bête traquée par ses propres pulsions. 

Sans une hésitation, sans même un mot, il se défit de son pantalon, ses gestes empreints d'une urgence quasi animale. Ses sous-vêtements suivirent, jetés négligemment sur le tapis. Chaque fois qu’un tissu touchait le sol, il s’autorisait à briser sa réalité. 

Chaque fibre de son être criait son intention. 

Il n'était plus question de séduction subtile, de jeux de pouvoir. C'était une irruption frontale du désir brut, le fruit mûr d'une manipulation menée à son paroxysme. 

La philosophie du besoin se révélait dans sa forme la plus crue. 

Il enjamba le lit, le matelas s'affaissant sous son poids, et se glissa sans vergogne à nos côtés. Le contact de son corps chaud contre le mien, même fugace, fut un choc. 

Il ne cherchait pas une invitation, il s'imposait. Son souffle lourd, son regard fiévreux, tout disait sa détermination. 

Marc, qui relevait la tête, vit la scène. Ses yeux s'écarquillèrent d'abord de stupéfaction, puis s'emplirent d'une fureur sourde. 

L'air de la pièce devint électrique, saturé de testostérone et de rage contenue. 

Marc, son visage habituellement souriant, déformé par la colère, se redressa d'un coup. Son regard, d'abord fixé sur l'intrus, se posa ensuite sur moi, cherchant une explication, un signe, un moyen de reprendre le contrôle. 

Il voulut parler, protester, affirmer sa possession. 

Il devait montrer que c'était lui le boss, lui le vainqueur de cette bataille invisible. Mais ses mots restèrent coincés, étouffés par la réalité crue qui s'imposait à lui. 

La manipulation était terminée. J'ai obtenu ce que je désirais. Leur dignité frottant mes pieds, les embrassant. Maintenant, c’était le moment de s’amuser. 

Marc, furieux et excité, me tira vers lui pour montrer à son opposant qu’il n’avait rien à faire ici. 

Sa bite tapota contre mon vagin, il la frottait entre mes lèvres supérieures et inférieures pour me stimuler. 

Son ami, maintenant ennemi, fit de même sur mon visage. Ils ne pouvaient s’empêcher de se regarder pendant l’acte, comme pour montrer leur prétendue supériorité à l’autre. Et moi, je profitais, jouissait de la situation. 

Regarder leur ego combattre sans qu’ils ne s’en rendent compte est digne d’une musique de Mozart. 

Marc me pénétra subitement et regarda son ennemi du coin de l’œil avec un sourire aux lèvres. Il mordilla ses lèvres, ferma les yeux pour jouir de l’intérieur, puis continua à le regarder avec un esprit triomphant. 

Et comme cette situation m’excite au plus haut point, je vais vous démontrer à quel point les hommes peuvent être prêts à tout pour imposer leur domination. 

Mon bassin se souleva légèrement, un mouvement involontaire qui fut perçu par Marc comme un signe d'acquiescement total. Il intensifia son rythme, ses gémissements plus bruyants, un défi muet lancé à son rival. 

L'autre homme, dont la présence était un fardeau palpable, se mit à respirer plus lourdement. Ses doigts, agiles et insistants, parcouraient ma cuisse, remontant vers ma hanche. 

Il tentait de se frayer un chemin dans le théâtre intime que Marc s'appropriait. Dans cette réalité qu’ils créent eux-mêmes. 

Mais je n'étais pas à prendre, j'étais à offrir, et la distinction était cruciale. 

Alors, dans un geste d'une simplicité déconcertante, je saisis la main de Marc qui serrait ma taille, et sans le lâcher des yeux, je la fis glisser, non pas vers moi, mais vers l'entrejambe de l'autre homme. 

Mon regard, un mélange de défi et de promesse, se posa tour à tour sur chacun d'eux. 

La surprise passa sur les visages, rapidement supplantée par la confusion, puis par un éclair de compréhension animale. C'était un ordre silencieux, une incitation au-delà de toute morale conventionnelle. 

L'ultime test de la création de cette réalité qui allait frapper de plein fouet. 

Marc retira sa main comme s'il venait de toucher une braise ardente, mais son regard restait fixé sur mon visage. 

Je soutins sa surprise, la transformant en une provocation silencieuse : "tu n'es pas assez homme pour ça ?" 

Son ego, déjà si fragile, ne pouvait supporter cette question implicite. L'autre, de son côté, avait perçu le geste, la proposition. Son érection, loin de faiblir, semblait protester contre toute hésitation. 

L'idée de déshonorer l'autre, de le soumettre même par procuration, devenait plus puissante que toute répulsion morale. 

Il y eut un instant de suspension, un souffle coupé dans le temps, où la conscience de ce que je leur demandais flottait dans l'air. 

Puis, le désir de prouver leur supériorité, leur "virilité", prit le dessus sur toute notion de camaraderie ou de honte. La trahison subie n’était plus que le reflet du miroir, de la réalité proposée, de cette niaiserie. 

La morale, dans ces instants primitifs, est un concept malléable, un obstacle facilement balayé par la vague de la compétition. 

Ce n'était plus une question de plaisir, mais de pouvoir. 

C'est Marc qui fit le premier mouvement. Non par attrait pour l'autre, mais par une fureur contenue, un besoin viscéral de montrer qu'il était le maître du jeu. 

Il attrapa l'entrejambe de son rival, un geste brusque, sans tendresse, une prise de possession plus qu'une caresse. 

Son regard, triomphant et dégoûté à la fois, se posa sur moi, comme pour me dire : "tu vois ? je suis capable de tout pour te dominer." Et l'autre, loin de reculer, répondit au contact, son propre désir exacerbé par l'audace de Marc. 

Leurs regards se croisaient, non pas de plaisir partagé, mais d'une rage silencieuse. Chaque mouvement de l'un répondait à l'autre, non par attirance, mais par une impérieuse nécessité de ne pas être le perdant. 

Et au milieu de cette tempête d'ego et de chair, je restais là, observatrice, les bras légèrement levés, comme une cheffe d'orchestre assistant à sa plus belle symphonie. 

Le spectacle était d'une beauté sombre, une illustration parfaite de la faiblesse humaine face à ses propres pulsions. 

Ils s'étaient trahis, non pas pour moi, mais pour le reflet de leur propre puissance qu'ils cherchaient à voir dans mes yeux. Et je leur offrais ce miroir, sans jugement, mais avec une satisfaction profonde. 

Leur déshonneur était ma plus grande jouissance, la preuve ultime de ma capacité à dénuder l'âme humaine de ses conventions. 

Leurs corps s'entremêlaient, leurs souffles se confondaient, mais leurs esprits étaient des îles séparées, chacune luttant pour une domination imaginaire, une réalité inventée. 

Et moi, au centre de cette mise en scène, je régnais en maitre, en incarnation de Docteur Strange. 

 

 

Noé. 

À des kilomètres de là, dans le silence de son appartement, Noé venait de s'effondrer sur son lit. La sortie avec Chris l'avait lessivé, le corps lourd d'une fatigue qui n'était pas seulement physique. 

Ses muscles tiraient, son esprit était engourdi. Il n'eut même pas la force d'allumer, se laissant tomber directement dans l'obscurité enveloppante. 

Le sommeil, ce refuge quotidien, s'imposa à lui comme une nécessité absolue. 

 

Vers 3 heures du matin. 

Alors que son corps physique sombrait dans un repos profond, quelque chose d'autre en lui s'éveilla. Une sensation de légèreté, une conscience amplifiée. Ce n'était pas un rêve. Il flottait, libre de son enveloppe charnelle. 

Il faisait une sortie astrale. Ces derniers temps, toutes ses sorties se finissent par des expériences étranges, il décide donc de stopper ce voyage et de se diriger vers un rêve. 

Je n’y arrive pas. Comment ça se fait ? Normalement, quand je pose ma volonté, ça se produit directement. C'est vraiment étrange. 

Puis, une force. Une attraction irrésistible, comme un vortex invisible. Il fut "aspiré" par une puissance colossale, une énergie brute qui le tirait avec une violence inouïe. Impossible d’y résister. 

C'était l'ombre, celle qui l'avait déjà approché, celle qui lui avait chuchoté des requêtes énigmatiques, lui demandant son aide pour des causes qu'il ne comprenait pas encore. 

Elle était là, le revendiquant, le tirant vers elle. 

La force de l'ombre le projeta brutalement à travers un voile invisible, le déposant, corps astral, au cœur de la chambre où se déroulait la scène. 

Le choc fut immédiat. 

Les corps entrelacés, les gémissements, la violence implicite des gestes de domination. Le spectacle était d'une obscénité abjecte, une vision qui le frappa de plein fouet. 

Le dégoût le submergea, une répulsion si intense qu'il sentit son être entier se révulser. 

Il voulut vomir. Mais ce n'était pas de la bile qui remontait, c'était son esprit, sa propre essence qui se diluait, se déchirait sous l'impact de l'horreur. 

Le vomi qui s'échappait n'était que le reflet de son âme se fragmentant, un effondrement interne où la perception de l'horreur corrompait sa propre substance, la réalité même. 

La scène devant lui, la manipulation de Laura, la déchéance des deux hommes, tout cela était un miroir de sa propre vulnérabilité. 

Il n'était qu'un spectateur impuissant, son corps astral tremblant, vidé de sa force. L'ombre l'avait mené ici pour lui montrer une vérité, une laideur insoupçonnée de l'âme humaine. Et la nausée qui l'étreignait était le symptôme d'une contamination irréversible. 

Cette contamination, ce dégoût, cette horreur, tout n’était qu’une réalité créée de toutes pièces. Rien n’était vrai, tout était malléable. Si une réalité est “vraie”, il la subissait de plein fouet. 

- Pourquoi ne m’as-tu pas écouté, humain ? Ne t’avais-je pas dit qu’il fallait que tu nous sauves ? Tu as cru que tu délirais, que ce n’était qu’un mauvais tour joué par ton cerveau. Si tu crois, tu ne sais pas ; si tu ne sais pas, tu es manipulé par une croyance qui plait à tes émotions. Maintenant, que vas-tu faire ? 

Je voulais simplement mourir. L'idée que j’étais mort et que je suis revenu à la vie m’enleva tout espoir d’y goûter réellement. 

Je ne savais pas comment réagir. Comment cette femme, qui a joué un rôle à la perfection, a pu me mentir ? Comment n’ai-je pas pu remarquer sa tromperie ? Étais-je aveuglé par la réalité que je voulais voir ? 

Et au même moment, celui de ma dernière pensée, j’entendis un crack, un bruit de fissure. La réalité que je percevais se fissurait devant moi, laissant apparaitre une autre réalité à l’arrière. 

Tout se fractalisait. Tout se décomposait. Rien ne durait. Les trois humains devant moi disparaissaient à vue d’œil. Ils s’envolaient tels une plume emporter par le vent. 

Des lumières flamboyantes tournoyaient derrière les fissures, invitant mon regard à pénétrer cette nouvelle "réalité" pleine de mystères. 

Le spectacle était hypnotisant, d'une beauté terrifiante. C'était un appel, une promesse de ce qui existait au-delà du voile de l'illusion. 

Mon cœur, ou ce qu'il en restait, battait à tout rompre. 

L'ombre avait raison. Tout ce que j'avais cru savoir était un mensonge, une mise en scène élaborée. 

Je tournai la tête, cherchant une échappatoire, un ancrage dans ce qui me restait de mon ancienne perception. Et là, flottant dans le néant derrière moi, un message commença à se former, des lettres de lumière s'assemblant une à une : "HUMAIN, VEUX-TU QUITTER CETTE RÉALITÉ POUR UNE AUTRE ?" 

La question cogita dans mon esprit, mais je savais que c’était ma seule chance de m’échapper de cette réalité que j’avais créée. 

Sans hésitation, sans même réfléchir aux conséquences, j’appuyai sur la réponse “oui”. 

Un second message apparut, plus détaillé cette fois-ci : "DORÉNAVANT, TU FAIS PARTIE DE CETTE AUTRE RÉALITÉ. TOUTES LES CONNAISSANCES DE TON ANCIENNE RÉALITÉ RESTERONT GRAVÉES EN TOI. CEPENDANT, SI TU QUITTES CETTE RÉALITÉ, TU NE POURRAS PLUS RIEN APPRENDRE DE CELLE-CI, ET TU DEVRAS DÉCOUVRIR TA NOUVELLE RÉALITÉ AVEC TES CONNAISSANCES ACTUELLES, TOUT EN EN APPRENANT DE NOUVELLES, PROPRES À LA RÉALITÉ SUIVANTE. ES-TU SÛR DE TON CHOIX ?" 

Je regardai cette ancienne réalité morose, la chambre où s'étaient joués des drames d'ego, la scène de dégoût qui m'avait si profondément marqué. 

Elle était devenue dénuée d'intérêt, insignifiante face à l'étendue des possibilités qui s'offraient à moi. Je n'avais plus rien à y apprendre. 

Cependant, mon regard perça les voiles de cette réalité mourante et je la vis : l'ombre, flottant au-dessus de Laura, comme la cape d’invisibilité. 

Je sentis le besoin de m'excuser, de lui exprimer mon impuissance face à la scène dont j'avais été témoin. "Je suis désolé, je n'ai rien pu faire..." 

Mais contre toute attente, sa voix résonna dans mon esprit, claire et apaisante : "tu m’as sauvé grâce à toi. Pour me libérer de cette boucle, il fallait que je sauve un humain de cette réalité et que je le fasse passer à la prochaine étape." 

Une libération mutuelle, un pacte involontaire. 

L'ombre poursuivit, sa voix empreinte d'une sagesse millénaire : "tout n'est qu'une question de jeu, de compréhension de l'Univers. Si l'on comprend tout, on peut accéder au dernier seuil de l'évolution, là où résident certains êtres des plus puissants." 

Les mots résonnaient comme une promesse, un aperçu d'une existence bien au-delà de ce que j'avais jamais imaginé. 

Mon esprit s'ouvrit à ces nouvelles perspectives, à cette quête de la connaissance ultime. 

À la suite de cela, la réalité de ce monde se brisa complètement, volant en éclats. Un nouveau monde m’apparaissait, bien plus vaste et intéressant que le précédent. 

J'eus une pensée pour Chris, mais une réponse survint automatiquement en moi : “tu ne dois pas t’attacher à une réalité, elles divergent toute, aucune n’est réelle et stable. Tu continueras à exister dans ton ancienne réalité, mais tu ne pourras plus y interagir. Ton entourage continuera à te voir comme tu es, sauf que l’ego se sera totalement dissipé de ce corps humain. Tu as déjà pu le remarquer quand ton corps bougeait pendant que tu étais sorti de lui, durant ton deuxième rendez-vous avec Laura.” 

Tout est vrai. Je n’ai pas à m’inquiéter pour ces futilités. Je n’oublierai pas mes souvenirs et je suis sur le point d’en créer de nouveaux, alors pourquoi se prendre la tête ? Cette réalité est bien plus attrayante. 

La compréhension me frappa avec la force d'une révélation. Non seulement l'univers n'était pas figé, mais il était une mosaïque infinie de réalités, chacune se superposant. 

L'attachement à une seule, à cette "prison" que j'avais connue, n'était qu'une forme d'ignorance, une limitation auto-imposée. 

La véritable liberté ne résidait pas dans la possession, mais dans la capacité à transcender, à flotter d'une existence à l'autre, à absorber l'essence de chacune sans jamais s'y enraciner. 

Chaque nouvelle réalité serait une page, un chapitre, un volume entier à apprendre. 

Mes souvenirs passés ne seraient pas un fardeau, mais un socle de connaissances. Il ne s'agissait plus de survivre, ni même de réussir au sens conventionnel du terme, mais de comprendre, d'assimiler, de décrypter les codes de l'existence elle-même. 

Et dorénavant, je comptais bien saisir cette opportunité pour m’affranchir et découvrir toutes les réalités. 

Cela ne serait pas simple, car avant même de m’imprégner pleinement à cette nouvelle réalité, je compris qu’il en existait des milliers, voire à n’en plus finir. 

Mais je savais que mon but n’était pas de toutes les explorer, mais de toutes les comprendre et les transcender. 

Si on n’évolue jamais, à quoi bon exister ?

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