Chapitre 4 – L'étreinte des incertitudes
Adrian se tenait devant la grande baie vitrée de leur appartement, un verre de vin rouge à la main. La ville s’étalait devant lui, illuminée, vivante, alors que lui, il se sentait de plus en plus éteint. Camille préparait le dîner dans la cuisine, une routine presque mécanique, sans éclat, sans tendresse.
Ils ne se touchaient plus. Ne se regardaient plus vraiment. Leurs conversations se réduisaient à des banalités. Pourtant, tout avait commencé si fort, si vrai… Alors, à quel moment tout avait dérapé ?
La réponse avait un nom : Maya.
Il ne voulait pas l’admettre. Mais c’était elle qui occupait ses pensées, pas Camille. Maya et son regard calme, son sourire retenu, sa voix douce. Elle n’était pas bruyante comme Camille, elle ne réclamait rien. Et peut-être était-ce ça qui l’attirait : cette légèreté qu’il avait perdue chez lui.
Plus tôt dans la journée, ils s’étaient croisés dans le couloir du bureau. Juste un regard, une seconde de silence de trop. Et il avait su. Elle aussi.
Camille sortit de la cuisine, déposant deux assiettes sur la table. Elle portait ce pull beige qu’il lui avait offert l’hiver dernier. Il ne le regardait plus avec tendresse — il le trouvait simplement terne.
— Tu vas manger ? demanda-t-elle sans vraiment attendre de réponse.
— Oui, j’arrive.
Il s’assit en face d’elle. Ils mangèrent en silence, rythmés uniquement par le bruit des couverts.
— Tu travailles encore tard demain ? demanda Camille en évitant son regard.
— Oui. J’ai un rendez-vous client à 19h.
Un mensonge. Il n’avait rien. Mais il savait déjà qu’il passerait cette soirée avec Maya.
Camille acquiesça. Elle ne demandait plus de détails. Elle avait cessé de se battre.
Mais ce qu’Adrian ignorait, c’est que Camille n’était pas dupe. Elle sentait les choses glisser entre ses doigts. Chaque silence, chaque absence, chaque odeur étrangère sur ses vêtements lui criait la vérité qu’il refusait de dire.
Ce soir-là, Adrian prit sa veste plus tôt que prévu.
— Je vais faire un tour. Besoin d’air.
Camille ne répondit pas. Elle savait.
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Dans le même temps, Maya hésitait encore. Elle avait accepté de le voir. Mais elle savait que cette décision allait changer leur relation. Il n’y aurait plus de retour possible après ce soir.
Quand il frappa à sa porte, elle ouvrit sans un mot.
Ils se regardèrent longtemps. Puis elle s’effaça pour le laisser entrer.
Ils ne dirent rien. Il posa sa veste. Elle l’observa. Il la frôla, sans intention encore, mais son regard trahissait un désir qu’il ne contrôlait plus.
— Tu veux boire quelque chose ? demanda-t-elle.
— Non… Je veux juste te parler.
Mais ce n’était pas la vérité.
Il s’approcha. Lentement. Maya ne bougea pas. Elle sentait son cœur battre à tout rompre. Ses mains tremblaient, mais elle ne recula pas.
Quand il posa une main sur sa joue, elle ferma les yeux. Et ce fut le début de quelque chose qu’ils n’avaient pas prévu. Une étreinte douce, comme un aveu silencieux.
Ses lèvres cherchèrent les siennes avec hésitation, puis plus franchement. Elle répondit, d’abord timidement, puis avec abandon. Le baiser était long, lent, chargé de toutes les questions qu’ils n’avaient jamais osé poser.
Ils ne parlèrent pas. Leurs gestes prirent la parole.
Le désir enfoui depuis des semaines émergea sans retenue. Chaque caresse était comme un fil qu’ils coupaient à leur vie d’avant. Ils faisaient un choix. Un choix interdit. Mais terriblement vivant.
Et dans cette chambre à peine éclairée, entre deux souffles, deux gémissements étouffés, Maya murmura :
— Je sais que ce n’est pas bien…
Adrian posa son front contre le sien.
— Moi aussi. Mais je suis fatigué de faire semblant.
Ils ne savaient pas ce que demain leur réserverait. Mais ce soir, ils s’étaient choisis.
Quand deux solitudes se frôlent trop longtemps, il suffit d’un souffle pour qu’elles s’enlacent. Mais l’ombre d’une vérité non dite plane déjà au-dessus de leurs corps encore mêlés…
À suivre...