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Chapter 12 - CHAPITRE 12:LES ÉCHOS DU NÉANT

PARTIE 1:!!!!!!!

Nix se réveilla en sursaut, les mains tremblantes, le souffle court. La brèche était refermée, mais les cauchemars persistaient, plus intenses, plus réels. Il se leva précipitamment, les pieds nus heurtant le sol froid de la chambre qu'on lui avait attribuée à l'Académie. Il n'avait pas le temps de s'attarder sur les détails ; une urgence le poussait à agir.

Il se rendit dans la salle des archives, un lieu où les secrets étaient conservés dans les ombres des étagères poussiéreuses. Là, il espérait trouver des réponses, des indices sur ce qui se passait en lui. Les visions de Vel'Zaruun, fragmentées et chaotiques, le hantaient. Il savait que la clé résidait dans la Pensée Primordiale, cette force mystérieuse qui avait donné naissance à Eidogenesis.

En fouillant parmi les rouleaux anciens, Nix tomba sur un manuscrit à l'encre pâle. Il l'ouvrit délicatement, découvrant des symboles étranges et des diagrammes complexes. Les mots semblaient danser devant ses yeux, mais une phrase se détacha soudainement :

"La Pensée Primordiale ne se souvient pas, mais elle ressent."

Cette révélation fit frissonner Nix. Si la Pensée Primordiale ne se souvenait pas, cela signifiait que les émotions, les intentions, les désirs pouvaient être des vecteurs de création. Il comprit alors que ses propres sentiments, ses propres luttes intérieures, étaient en train de façonner la réalité autour de lui.

Il ferma le livre, son esprit en ébullition. Il devait comprendre comment maîtriser cette force, comment éviter de sombrer dans la folie comme Zaruun. Mais comment contrôler ce qui échappait à la raison ?

Alors qu'il méditait sur ces questions, une silhouette apparut dans l'embrasure de la porte. C'était une jeune femme, les cheveux noirs comme l'encre, les yeux d'un bleu profond. Elle s'avança lentement, son regard fixé sur Nix.

"Tu cherches des réponses, Nix," dit-elle d'une voix douce mais ferme. "Mais les réponses ne se trouvent pas dans les livres. Elles sont en toi."

Nix la scruta, intrigué. "Qui êtes-vous ?"

"Je suis Lira," répondit-elle. "Une ancienne élève de l'Académie. Et je sais ce que tu ressens."

Elle s'approcha de lui, posant une main légère sur son épaule. "Tu n'es pas seul dans cette lutte. D'autres ont traversé ce chemin avant toi. Et certains ont trouvé la paix."

Nix la regarda, sceptique. "La paix ? Après ce que Zaruun a vécu ?"

Lira hocha la tête. "Oui. La paix est possible. Mais elle nécessite une compréhension profonde de soi-même et de la force qui réside en toi."

Elle lui tendit une petite boîte en bois sculpté. "Prends ceci. C'est un artefact ancien, conçu pour aider ceux qui, comme toi, sont liés à la Pensée Primordiale. Il t'aidera à canaliser tes émotions, à les comprendre avant qu'elles ne prennent forme."

Nix prit la boîte avec hésitation. "Et si je ne peux pas la contrôler ?"

"Alors, tu risques de devenir ce que tu crains le plus," répondit Lira, son regard empreint de gravité.

Elle se tourna pour partir, mais s'arrêta un instant. "N'oublie pas, Nix. La Pensée Primordiale est une force. Mais c'est toi qui choisis comment l'utiliser."

Avec ces mots, elle disparut dans les ombres de l'Académie.

Nix resta là, seul, la boîte serrée dans ses mains. Il savait que son voyage ne faisait que commencer. Mais une chose était certaine : il devait comprendre cette force, avant qu'elle ne le consume.

PARTIE 2: LA TOUR DES REFLETS

Nix gravit les marches de l'ancienne tour d'observation, là où jadis les Veilleurs de l'Académie surveillaient les cieux pour détecter les perturbations magiques. Aujourd'hui abandonnée, elle était devenue un lieu de silence — parfait pour ce qu'il s'apprêtait à faire.

Dans sa main, la boîte donnée par Lira semblait vibrer légèrement, comme si elle réagissait à son hésitation. Il s'assit au centre de la pièce ronde, entouré de fenêtres brisées qui laissaient passer une lumière diffuse. Il ouvrit la boîte.

À l'intérieur : un fragment de cristal gris, strié de lignes pulsantes, et un parchemin roulé.

Il déroula le papier.

> « Ce cristal n'est pas un outil. C'est un miroir. Ce que tu y projetteras, il te le montrera. Tu ne pourras ni mentir, ni fuir. »

Nix inspira profondément. Il plaça le cristal devant lui, le fixa… et pensa.

Au départ, rien.

Puis, une vibration. Le sol sembla s'éloigner de ses pieds. Autour de lui, la lumière se courba, la pièce se distordit — et une silhouette apparut devant lui.

C'était… lui.

Mais plus jeune. Tremblant. Sale. Abandonné dans une ruelle où il avait dormi des nuits durant. Le reflet ne parlait pas, mais ses yeux hurlaient une vérité que Nix avait voulu oublier : la peur de ne jamais être voulu. De ne jamais être utile.

Puis une seconde forme émergea. Un Nix plus vieux, plus dur. Les traits fermés, le regard froid. Celui qu'il aurait pu devenir s'il avait rejeté le monde avant que le monde ne le rejette.

"Tu veux comprendre Vel'Zaruun ?" murmura une voix — non pas dans ses oreilles, mais dans son esprit. "Commence par comprendre ce que tu caches. Car c'est dans l'oubli que naissent les failles."

Une troisième vision surgit alors. Ce n'était plus lui.

C'était Zaruun.

Il était assis dans une pièce semblable, des larmes aux yeux, devant une créature informe : sa mère sans visage. Une main tendue. Un sourire flou. Puis, l'instant suivant, elle se dispersa en cendres.

Zaruun ne cria pas. Il ferma les yeux, lentement. Et se releva, le regard vide.

Le rituel n'était pas une recherche de puissance. C'était une fuite. Une façon de ne plus rien ressentir.

Nix comprit.

Vel'Zaruun n'était pas une entité destructrice. Il était le fruit d'un vœu mal formulé : celui de ne plus souffrir.

Et lui-même ? S'il en venait à haïr ses dons ? À craindre ce qu'il pouvait créer ? Ne serait-il pas tenté, un jour, de suivre ce même chemin vers le silence ?

La tour trembla. Le cristal palpitait, résonnant avec ses pensées. Et soudain, il comprit : la Pensée Primordiale n'attendait pas d'être contrôlée. Elle voulait être connue. Acceptée. Reconnaître ses propres fissures, c'était empêcher qu'elles ne deviennent des gouffres.

Il tendit la main vers son double apeuré. Le jeune Nix. Et pour la première fois… il l'enlaça.

La silhouette fondit lentement, se dissolvant sans douleur. Le froid de la pièce sembla reculer. Le cristal cessa de pulser. Il avait réussi.

Mais il n'était pas seul.

En quittant la transe, il vit une ombre derrière lui. Lira. Mais cette fois, elle n'était pas venue seule.

Un autre homme l'accompagnait. Vieux, la peau parcheminée, les yeux brillants d'une lumière familière.

"Tu es allé plus loin que beaucoup," dit-il. "Mais tu n'es pas le premier à franchir ce seuil."

Nix le fixa. Il le reconnaissait sans l'avoir jamais vu.

"Qui êtes-vous ?"

L'homme inclina la tête. "Un fragment. De lui. De moi. D'eux."

Puis, sans prévenir, il posa deux doigts sur la tempe de Nix.

Et Nix vit.

Des visions — rapides, brûlantes — d'un sanctuaire effondré, de créatures oubliées errant dans l'obscurité, de souvenirs d'enfance cristallisés dans la pierre… et, au cœur d'un gouffre sans fin, un battement.

Vel'Zaruun n'était pas mort.

Il dormait.

Et son réveil dépendrait d'une seule chose :

Si Nix choisissait d'abandonner l'espoir.

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