Nous sommes dans le village de Ngou, un village de guerriers dont la renommée est bien établie dans toute la région. L'histoire de ce village inspire de nombreux peuples, car il s'agit d'un refuge d'affranchis — un lieu fondé par des hommes et des femmes fuyant les tyrans du Nord.
À cette époque, une guerre sanglante opposait le royaume de Ngou aux royaumes du Nord. Pour certains, ce conflit avait déjà l'allure d'un génocide tant de peuples en souffraient, même ceux qui n'y étaient pas directement impliqués. En raison de leurs intérêts politiques, commerciaux ou sociaux, beaucoup furent contraints de prendre part à cette guerre qui ne cessait de grandir.
C'est dans ce contexte que sept hommes se réunirent. Leur but : arrêter le massacre et sauver autant de vies que possible. On les appelait les Sept Guerriers. Le groupe était composé de Ntole, Mitorg, Ndoman, PAG, Okulu, Pun et Lopé.
Ils se retrouvaient souvent en secret, dans un lieu paisible près d'une rivière, pour organiser le sauvetage des victimes qu'ils avaient pu arracher aux combats la veille. Mais ce jour-là, leur réunion prit une tournure étrange. Ils en étaient venus à une triste conclusion : si la guerre continuait, leur maison-refuge ne pourrait plus accueillir les blessés.
Alors qu'ils discutaient, une voix se fit entendre au loin. Tous se levèrent d'un bond, armes à la main, aux aguets.
— Ne me faites pas de mal, je viens en ami… J'ai un message pour vous ! cria l'inconnu.
À peine eut-il terminé sa phrase que PAG, vif comme l'éclair, se jeta sur lui. Il le plaqua au sol, un poignard sous sa gorge, les yeux glacés.
— Qui es-tu, étranger ? demanda-t-il avec méfiance.
L'homme ne portait aucun signe distinctif permettant d'identifier son peuple, sa croyance, ni même son statut social. Malgré la lame contre son cou, il prit une profonde inspiration et répondit :
— Je suis un messager… Le Messager des Étoiles pour les hommes.
À peine ces mots prononcés, une présence étrange se manifesta. Une force invisible, écrasante, fit frissonner chacun des guerriers. Aucun ne pouvait voir l'origine de cette énergie, mais tous sentaient qu'elle les observait.
PAG recula brusquement, le poignard serré entre ses doigts, prêt à se défendre. Le messager se releva lentement et dit :
— Comme je vous le disais… je suis un messager, et j'ai une solution à votre problème.
Soudain, la présence invisible sembla se scinder. Une partie d'elle entra dans le corps du messager. Ntole, le plus âgé des guerriers, prit son courage à deux mains et s'adressa à lui :
— Tu dis être un messager ? — Oui. — Alors, quel est ton message ? Et de qui vient-il ?
À cet instant, Ntole sentit la présence le sonder, profondément. Bien qu'invisible, elle était palpable. Il tourna instinctivement la tête dans sa direction… et soudain, elle s'approcha lentement de lui. Il ne comprenait pas ce qu'elle était, mais il savait qu'elle était puissante. La pression qu'elle exerçait figeait le temps, l'espace, et son propre souffle.
Les autres guerriers, inquiets de voir Ntole paralysé, l'appelèrent :
— Ntole ! Ntole !
Mais il ne répondait pas. Son regard était vide, son corps figé comme si son âme avait quitté son enveloppe. La présence l'écrasait.
Le messager parla d'une voix forte :
— J'ai un message pour vous. Les étoiles sont réunies, et nul ne pourra les empêcher.
Parmi les guerriers, Mitorg, cofondateur du groupe, s'avança prudemment et dit :
— Tu dois partir. Si tu restes, nous serons obligés de te combattre.
Le messager, impassible, leva alors sa main en leur direction. Sa paume fermée s'ouvrit lentement, révélant sept pierres, de petites gemmes aux couleurs différentes.
— C'est pour vous. Une chance, une vie.
Les guerriers restèrent méfiants mais intrigués.
— Ces pierres, dit-il, possèdent chacune une capacité unique. Entre les mains d'un guerrier, elles deviennent une arme. Dans celles d'un soignant, un remède. Et pour un peuple… un espoir. Réunies, elles seront ce que vous désirez.
L'atmosphère devint soudain plus légère. Le calme revint. Ntole retrouva ses esprits tandis que la présence disparaissait. Le messager le regarda droit dans les yeux et ajouta d'un ton grave :
— Vous savez désormais ce qu'il faut faire.
— Dans sept nuits, nous reviendrons… pour récupérer nos armes.
Il déposa les pierres au sol, puis repartit comme il était venu. En s'éloignant, son regard croisa celui de Mitorg, un regard empreint de tristesse et de mystère. Mitorg ne comprenait pas, mais il sentait que quelque chose de grand venait de commencer.
Ntole, encore sous le choc, ne dit plus un mot.
Avant de se séparer, les guerriers discutèrent de ce qu'ils devaient faire des pierres. Ndoman proposa que chacun en prenne une — après tout, ils étaient sept, comme les pierres. Tous acceptèrent… sauf PAG, qui tendit sa pierre à Ntole :
— Je pense que tu es la meilleure personne pour les garder.
En entendant cela, les autres décidèrent aussi de confier leurs pierres à Ntole, qu'ils respectaient comme un chef et un sage. Seul Ndoman insista pour garder la sienne :
— Je comprends votre décision, dit-il, mais je préfère garder la mienne. — Tu pourras m'aider à l'identifier en la montrant au nganga du village, répondit Ntole. — Oui, tu me connais… J'aime comprendre les choses par moi-même.