Chapitre 20 : Le poids des décisions
La tension dans l'air était palpable, comme un fil tendu prêt à céder. La matronne se tenait fermement devant les deux hommes, les bras croisés, son regard acéré sur Yarik et Toval. Leurs mains étaient encore sur le bras frêle de Lucia, qui, dans un dernier geste désespéré, tentait de se dégager de leur emprise. Mais ses forces l'avaient trahie.
"Vous n'avez aucune idée de ce que vous faites", dit la matronne, sa voix calme mais glaciale, résonnant dans le couloir étroit. Elle les fixait, d'un regard perçant, une autorité incontestable derrière chacun de ses mots.
Yarik, qui avait l'habitude de contrôler des situations comme celle-ci, ne se laissa pas impressionner. Il fixa la matronne avec défi, mais il y avait un léger tremblement dans ses yeux. "Nous faisons notre travail, matronne", répondit-il d'un ton sec. "Vous savez très bien pourquoi nous sommes ici. Cette esclave a fugué, et nous devons la ramener."
La matronne s'avança lentement, ses pas résonnant dans le silence du hall. "Il y a des manières de faire les choses, Yarik", dit-elle, son regard se durcissant. "Celle-ci n'en fait pas partie."
Elle tourna son regard vers Toval, qui était resté plus en retrait, les yeux rivés sur Lucia, toujours tremblante entre les deux hommes. Il y avait dans son expression une gêne, une hésitation. Toval, bien que plus jeune et moins expérimenté, savait que la situation devenait de plus en plus compliquée. La matronne n'était pas une femme à prendre à la légère, surtout pas dans son propre domaine.
"Tu veux vraiment lui faire ça ?" demanda-t-elle à Toval, sa voix devenant douce, presque insinuante. "La traiter ainsi ? La briser comme une simple marchandise ?"
Toval baissa les yeux, mal à l'aise, mais Yarik intervint immédiatement, l'agacement se faisant sentir dans sa voix. "Ce n'est pas à vous de décider, matronne. Le chef des marchands a donné l'ordre. Nous n'avons pas le choix."
La matronne sourit, mais il n'y avait aucune chaleur dans ce sourire. "Vous croyez vraiment que le chef des marchands vous couvrira s'il se rend compte de la manière dont vous avez agi ici ? Vous êtes des outils, Yarik. Vous croyez que vous avez le contrôle, mais vous ne faites que suivre les ordres d'un homme qui ne vous verra jamais pour autre chose que des pions."
Elle fit un signe de tête vers Lucia, qui, bien que terrifiée, essayait de se redresser. "Elle a sa place ici, même si vous ne comprenez pas pourquoi. Vous n'êtes pas chez vous ici. Vous n'avez pas les droits de faire pression comme ça."
Yarik serra les dents. Il savait qu'elle avait raison, mais son honneur de mercenaire ne lui permettait pas de se laisser intimider. "Nous avons un contrat", répliqua-t-il, "et je ferai ce qu'il faut pour le respecter, matronne."
"Ce contrat vous a menés à cette situation", dit la matronne, son ton plus ferme maintenant. "Un homme de votre rang devrait savoir que les actions ont des conséquences. Voulez-vous vraiment que cette décision soit sur vos mains ?"
Les paroles de la matronne frappèrent Yarik de plein fouet. Il savait que ce n'était pas qu'une simple négociation. Elle faisait pression, et elle savait exactement comment le faire. Il échangea un regard avec Toval, qui, à cet instant, semblait se poser des questions. Yarik se tourna de nouveau vers la matronne, son regard plus dur, plus déterminé.
"Vous n'avez pas le choix", dit-il finalement. "Elle doit être ramenée, et elle va y passer. Ce n'est pas une question de volonté, mais de nécessité."
La matronne resta silencieuse un instant, ses yeux perçant les siens, avant de soupirer longuement. "Vous êtes vraiment têtus", dit-elle avec un sourire amer. Puis elle tourna son regard vers Lucia, qui semblait, elle aussi, avoir compris qu'il n'y avait pas de retour en arrière. "Très bien", murmura la matronne. "Vous voulez la prendre ?"
Elle fit un signe de la main, et Lucia, d'abord surprise, s'effondra finalement sous la pression, incapable de lutter davantage. "Mais ce n'est pas fini. Le contrat que vous réclamez... Vous allez devoir en assumer les conséquences."